L'essentiel

Il y a dix minutes;

mon bébé, la main sous mon chandail, la tête collée sur mon sein, tout en se tétant la langue, après avoir bu son bon lait à la vanille ( haïtienne va )  s'abandonne, sereine à son sommeil.

Je m'efforce, dans ces moments, de vivre le moment présent et d'oublier ce que je ne dois pas oublier...

Je la regarde, si belle, maintenant si confiante, si amoureuse de moi... Elle a tant besoin de ma sécurité; du regard constant que je lui porte, de mes bras, de mon épaule, de mon sourire, de mes mains qui la cajolent, de la fierté que je lui porte, de ma présence, moi qui est allée la chercher dans son Haïti...

Sur qui d'autre se reporter que sur cette maman qui la sortie de son monde pour l'en apporter dans le sien, moi, le seul élément constant à travers tous ces chamboulements dans sa vie.

Elle est merveilleuse avec le contour de ses lèvres un tantinet plus foncé que l'intérieur, avec ses cheveux bouclés qui augmentent en intensité à mesure que sa santé se solidifie, avec l'intérieur de ses mains et de ses pieds plus pâles que le reste de son corps, avec sa couleur d'ébène, avec son odeur du sud quand elle a chaud, avec ses muscles déjà si puissants,

elle est parfaite avec ses imperfections.

Les derniers mois, avec; leur charge émotive, leur charge administrative, l'intensité du niveau de leur adaptation, leurs inquiétudes, leurs craintes, leur choc, leur ivresse de bonheur, ont été ennivrants, et aussi épuisants...

Dans ces moments où je la regarde dormir paisiblement dans mes bras, je me réconforte face à mon aptitude à me recentrer sur l'essentiel;

goûter ces moments pour les avoir tant désirés, avoir tant désiré cette petite poupée couleur chocolat, avoir tant eu besoin de la serrer dans mes bras,

elle ne pouvait être la fille de personne d'autre que la mienne, je me sens, maintenant, réellement sa maman.

Comments

[mamanheureuse]

J'ai aussi cette impression Méli,
elle " fit " parfaitement avec notre famille :)

[Méli]

"elle ne pouvait être la fille de personne d'autre que la mienne", j'ai souvent cette impression avec ma fille... qu'elle m'était "destinée" (et pourtant, je ne crois pas au destin...) Elle me dit parfois : "Qu'est-ce que je ferais sans toi" et moi, je me dis : "qu'est-ce que je ferais sans elle"...